Architecture

Une église monumentale

Campanile

Le visiteur, qu’il débouche de la rue Haxo ou du boulevard Sérurier, est d’abord frappé par la dimension de l’église et de son clocher, plus exactement un campanile puisqu’iI est séparé du bâtiment principal. Celui-ci mesure 58 mètres de haut. Son architecture originale lui confère sa légèreté : quatre contreforts, opposés l’un à l’autre offrent à la vue un effet de masse mais ont permis une construction moins couteuse.

Depuis 1993 quatre cloches peuvent y carillonner : Notre-Dame de Fatima, Marie-Médiatrice, Coeur Immaculé de Marie et Saint-Joseph. Faisant pendant au campanile, au sud, un bâtiment bas, circulaire, lui aussi légèrement détaché de l’édifice principal est couvert de lames de cuivre dont la patine a éteint l’éclat. C’est le baptistère.

Le Baptistère

Baptistère

Pendant les premiers siècles de l’Église, les baptêmes se célébraient en dehors des églises et quelques villes possèdent encore des baptistères romans (notamment Poitiers) à quelques mètres de la Cathédrale. Celui-ci est conçu pour des cérémonies familiales pouvant accueillir une trentaine de personnes en cercle autour des fonds baptismaux. Puissamment éclairés par des baies, les vitraux évoquent un filet de pêche rappelant l’envoi de Jésus aux apôtres :  » Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes « .

Aujourd’hui, le baptistère sert d’oratoire pour une petite assemblée qui y retrouve des dimensions fraternelles. Pour aller du baptistère à la nef, il faut emprunter un couloir dont le plafond, très bas, est marqué d’inscriptions faites à l’encauste (un procédé de peinture faite à la cire). Ces marques, et notamment le signe du poisson, qui pour les premiers chrétiens symbolisait le Christ, rappellent les catacombes. Ainsi, la communauté chrétienne, comme chaque chrétien, passe par une période de recherche et de souffrance avant d’entrer dans la joie du salut.

Baptistère

La façade

La façade se dresse face à un parvis de 1000 m2, permettant d’accueillir les foules en pèlerinage. Sa rigueur et ses lignes évoquent les sanctuaires romans, revus dans l’esprit du XXè siècle. Sa symétrie est animée par une tour qui s’inscrit à droite dans le mur. C’est une tour votive qui abrite, à l’intérieur, l’escalier de la tribune. Elle se termine par une « lanterne des morts ». Fréquente dans les cimetières jusqu’aux environs du XVIè siècle, c’était une colonne creuse à claire-voie dans sa partie supérieure, où une lanterne signalait la nuit la présence des morts. Ici, ce n’est pas à l’église elle-même qu’elle se réfère puisqu’elle abrite Jésus ressuscité, mais elle signale l’autre fonction de l’église Notre-Dame de la Paix : garder le souvenir des victimes de toutes les guerres, mortes sans sépultures. Autrefois, elle devait être éclairée le 8 mai, à la Toussaint et à Pâques, elle est maintenant éclairée tous les jours. Sa lumière est signe d’espérance de la résurrection pour les disparus dont les noms sont inscrits dans l’église basse.


Autrefois, elle devait être éclairée le 8 mai, à la Toussaint et à Pâques, elle est maintenant éclairée tous les jours. Sa lumière est signe d’espérance de la résurrection pour les disparus dont les noms sont inscrits dans l’église basse.

« Lanterne des morts »

Sur la façade, s’enfonçant sur un fronton, un péristyle souligne l’entrée majeure de l’édifice, flanquée de deux portes d’accès secondaire. La façade, comme le mur postérieur de l’édifice est marquée de signes géométriques et liturgiques. Les ouvriers maçons, comme leurs devanciers du Moyen-Âge ont appareillé les pierres de façon à y dessiner des symboles : l’ancre de l’espérance, des palmes composées de pierre plates symbolisent les premiers martyrs, les douze étoiles évoquant les apôtres et à droite de la porte principale, les pierres représentant le buisson ardent. Cette image rappelle que Dieu s’est montré à Moïse
sous l’aspect du feu. La flamme allumée rappelle encore aujourd’hui la présence de Dieu. Comme le feu il éclaire, réconforte et purifie.

Buisson ardent sur la façade

L’intérieur

La nef, longue de 41 mètres, occupe toute l’église. La voute haute de 12 mètres est d’une portée libre de 21 mètres, constituée de briques de teintes différentes suivant leur cuisson. Perforées, emboîtées les unes dans les autres, elles ont permis aux ouvriers bâtisseurs de dessiner lors de leur assemblage un mot et un symbole : PAX, signifie paix en latin et PX qui sont en lettres grecques les initiales du Christ. La voute ainsi
assemblée n’a pas besoin de pilier pour la soutenir, évitant ainsi les « bas-côtés » et permettant à la communauté d’être rassemblée devant l’autel sans être gênée par des angles morts. Tous les regards convergent vers le chœur surélevé, flanqué de part et d’autre d’un autel dédié à Notre-Dame de Fatima et à Saint-Joseph.

Plafond de l’église

Le maître-autel est taillé d’une seule pierre, rappelant, comme c’est de tradition dans l’Église, la pierre du sacrifice et la table ou se déroula la Cène. Au fond du chœur, le Christ en croix, reproduction fidèle de celui de la cathédrale de Sens, datant du XIIIè siècle. Le tabernacle a suscité lors de l’ouverture de l’église, une sérieuse – mais vaine – polémique : jusqu’au concile Vatican II, la messe se disait dos aux fidèles et le tabernacle, où sont déposées les hosties consacrées, se trouvait au milieu du maître-autel. Ici, en avance sur la réforme liturgique, le tabernacle se trouvait sur la partie droite de l’autel, parallèlement à l’ambon d’où l’on proclame la Parole de Dieu. Le fondement théologique de cette disposition s’appuie sur la parole de l’Evangile : « L’homme ne se nourrit pas seulement de chair, mais de la parole de Dieu « . Le tabernacle fût par la suite déplacé au centre du chœur, sous la croix, illustrant ainsi la présence centrale de Jésus ressuscité parmi les hommes. Trois faces du tabernacle sont sculptées. Elles représentent, de face les noces de Cana, et de part et d’autre, les pèlerins d’Emmaüs et la pêche miraculeuse.

Statue de Notre Dame de Fatima

Le Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima étant confié à la communauté portugaise, on retrouve dans l’ornementation la sensibilité de la foi ibérique. Autrement dit, la seule recherche artistique dans les statues est le réalisme le plus total. Il faut néanmoins reconnaître la beauté de ces statues, ornées de nombreux bouquets de fleurs et sujettes à une dévotion intense. Une statue stylisée, sans nul doute, n’aurait pas le même impact sur les esprits.

Les vitraux

Les murs de la nef sont percés de baies étroites et hautes comme dans le réfectoire des moines du Mont-Saint-Michel. Les vitraux qui les enluminent sont l’œuvre d’un maître-verrier de Chartres : Gabriel Loire. Ils ont été restaurés, après l’abandon de l’église, par son fils, Jacques.

Les vitraux sont formés de fragments de dalles de verre de 25 mm d’épaisseur, colorées clans la masse. Ces fragments taillés à la martenine, parfois légèrement éclatés sur les bords pour réfracter la lumière, sont enchâssés dans une armature de béton. Les couleurs éclatantes et joyeuses des vitraux, bleu et or dans la nef, rouge et bleu clans le chœur attirent le regard. Pour le maître-verrier, « ils nous révèlent en images
brillantes et pures comme des diamants les attributs de la Vierge Marie, célébrés dans les Psaumes, le Cantique des Cantiques, l’Apocalypse et dans les litanies et les hymnes.« 

Dans les trente-et-une verrières on relève d’abord le sigle AM qui symbolise l’Ave Maria comme autant de salutations faites à la Vierge Marie. Ce sigle est accompagné quatre fois d’une fleur de lys surmontée d’une couronne, d’une étoile et d’une rose. Huit fois l’Ave Maria est complété par une étoile de la mer, le soleil du matin, une tour d’ivoire ou une colombe et enfin par trois fois, d’un calice, d’une étoile ou de la tour d’or et d’ivoire évoquée dans le Cantique des Cantiques.

Vitraux

Dans le chœur, à gauche, les vitraux accusent une coloration plus chaude, orangé et rouge. A côté des « Ave Maria » on découvre la porte du ciel, le soleil, les clés du paradis, trois croix, un rameau et le « trône de la sagesse ». Les vitraux du côté droit reprennent les mêmes compositions mais inversées.

L’église basse

L’entrée dans l’église basse, plus spécialement consacrée à Notre-Dame de la Paix, se fait directement dès l’entrée dans le sanctuaire par les portes latérales. Les fidèles peuvent y accéder par deux escaliers de
chaque côté de la nef.
A l’origine elle était une église à part entière pouvant recevoir une foule de pèlerins, comme en 1955, le congrès du mouvement Pax Christi. Haut de cinq mètres, son plafond est soutenu par seulement quatre piliers légers en béton. La lumière pénètre des deux côtés et l’accès est possible du côté nord, car elle ouvre de plain-pied sur la ville.
Aujourd’hui pour les besoins de la pastorale, l’église a été « coupée » en deux. Une première salle, sans autel, permet la tenue de la catéchèse ou des conférences, tandis qu’on a conservé le chœur de l’ancienne église basse devenu la chapelle de Notre-Dame de la Paix.

Chapelle de Notre Dame de la Paix

Notre-Dame de la Paix

Sur le mur nord de l’église basse, des inscriptions à l’encauste (peinture réalisée grâce à de la cire chauffée) donnent tout son sens à l’invocation à Notre-Dame de la Paix. On peut y lire : Cette église basse dédiée à Notre-Dame de la Paix est un mémorial des victimes des guerres en particulier de ceux qui n’ont pas reçu de sépulture.

Inscriptions sur le mur de l’ancienne église basse
Inscriptions sur le mur de l’ancienne église basse

De part et d’autre, sur deux panneaux entiers du mur, sont inscrits les noms des disparus, suivis des dates et des lieux de leur mort. On y relève, sans ordre apparent, et pour certain à plusieurs reprises, Ravensbruck, Neuengam, Buchenwald, Matahausen, Auschwitz, Dora, mais aussi Dien Bien Phu 1954, Cau-Dai 1953, Chemin des Dames 1917, Moyen-Laos 1954, ou Bois-le-Raty 1914.

Ceux dont les noms sont inscrits là ne sont pas des héros connus ni des noms célèbres, mais seulement les disparus que leurs familles, faute de tombes connues, ont voulu placer sous la protection de Marie. Jusqu’en 1955 on pouvait y faire apposer le nom d’un des siens. Sur les vitraux, du même maître-verrier que ceux de la nef haute, Gabriel Loire, figure le mot Pax qui veut dire « Paix » accompagnée de AM qui est la salutation à Marie Ave Maria et des palmes de l’olivier, palme du martyre et du couronnement.